Diesel, métro, vélo... ce que proposent les candidats à Paris
A Paris, le 14 mars, jour de pic de pollution. (Photo Kenzo Tribouillard. AFP)
DÉCRYPTAGE Alors que la pollution a occupé le débat politique depuis une semaine, banc d'essai des promesses en matière de transports, entre points communs et vrais clivages.
Il n'y a guère que Wallerand de Saint-Just (FN) pour traiter AirParif — vigie de la qualité de l'air francilien — d'«écolos-gauchistes» et pour appeler à «rompre avec douze ans de dictature antivoiture». Les principaux candidats parisiens proclament, eux, la fin du tout-voiture et la sortie du diesel, célèbrent l'autopartage et les transports en commun. En ce jour de circulation alternée à Paris, Libération a fait le tour des promesses en matière de transport.
HARO SUR LES VÉHICULES POLLUANTS
Christophe Najdovski (EE-LV) n'a pas attendu le pic de pollution pour promouvoir le remède testé ce lundi. Depuis le début de la campagne, il propose, dès que le seuil d'alerte aux particules est atteint, d'imposer la circulation alternée et de mettre en place, sur cette période, la gratuité des transports en commun. Une «mesure cache-misère», dénigre Nathalie Kosciusko-Morizet. Pour la candidate UMP, la solution pour bouter hors de la capitale les véhicules polluants vient du Grenelle de l'environnement: la Zapa (zone d'action prioritaire pour la qualité de l'air), périmètre interdit aux poids lourds et aux cars de tourisme. NKM veut aussi créer des quartiers «propres» dans chaque arrondissement, réservés aux véhicules les moins polluants. Dans la même veine, Najdovski compte étendre les quartiers concernés par l'opération «Paris respire» - expérimenté en 2004 - qui restreint la circulation le dimanche.
Anne Hidalgo«zappe les Zapa» de sa rivale UMP, une «usine à gaz». Elle réfléchit, en revanche, à un système de «pastilles indiquant le degré de pollution du véhicule». La socialiste avait aussi suggéré de limiter la vitesse à 30 km/h hors des avenues et des boulevards, et à 70 sur le périphérique, notamment pour réduire les freinages brusques, générateurs de pollution.
La candidate du Parti de gauche, Danielle Simonnet, propose, elle, de «taxer les véhicules selon leur puissance» et d'interdire le transit de poids lourds sur le périphérique via un ferroutage réalisé avec la région Ile-de-France.
LE DIESEL DANS LE COLLIMATEUR
Les prétendants EE-LV, PS, PG et UMP prônent tous la sortie du diesel pour le parc automobile de la ville de Paris et les bus RATP pour privilégier les véhicules électriques ou hybrides. Ce qui a déclenché une prise de bec, dimanche, entre Hidalgo et EE-LV: la socialiste a accusé le vice-président de la région en charge des Transports, Pierre Serne, d'avoir accepté en décembre une commande de bus diesel. Faux, a répondu l'élu, la commande datant de février 2013 et ne pouvant être annulée pour une raison de coût. Le Stif (syndicat des transports d’Ile-de-France) a en tout cas approuvé la sortie progressive du diesel des 9000 bus et cars franciliens d'ici à 2025.
Au cours de la campagne, NKM a aussi régulièrement reproché cette commande de diesel à l'équipe sortante, l'accusant de consommer toujours plus de diesel. La candidate PS a répliqué que sa concurrente avait, au ministère de l'Ecologie, «accompagné ce mouvement du tout-diesel». Hidalgo s'engage aussi à interdire progressivement les bus de tourisme roulant au diesel et lance le slogan «zéro diesel en 2020».
ENCOURAGER L'AUTOPARTAGE, LE COVOITURAGE, L'ÉLECTRIQUE
L'incitation à l'autopartage figure dans la plupart des programmes. Simonnet propose «un soutien aux entreprises de l'économie sociale et solidaire qui développent» l'autopartage. Najdovski compte lancer un site dédié aux déplacements en autopartage, en Autolib ou en covoiturage. Le candidat EE-LV, comme Anne Hidalgo, promet des stationnements réservés aux véhicules en autopartage.
Le développement du véhicule électrique fait aussi recette. Hidalgo compte étendre Autolib à toute la métropole tandis que Simonnet veut municipaliser ce système de location de voitures électriques en libre-service lancé par l'équipe sortante.
La socialiste fait miroiter les couloirs de bus aux véhicules électriques tandis que Kosciusko-Morizet promet une aide financière pour l'achat d'une voiture électrique aux très petites entreprises et aux artisans. Les deux candidates proposent de multiplier les bornes de recharge.
TRANSPORTS EN COMMUN : EN MÉTRO, EN TRAM, EN BATEAU…
Développement du tramway pour Najdovski et Hidalgo — l'écologiste veut une ligne longeant la Seine —, mais aussi construction d'un téléphérique pour la socialiste et mise en place de navettes fluviales publiques pour le candidat EE-LV, extension des horaires du métro pour NKM… Les concurrents entendent doper les transports en commun. Hidalgo, Najdovski et Simonnet lancent grosso modo la même idée d'un «pass» donnant accès à tous les modes de transport, Vélib et Autolib compris. Pour sortir du tout-voiture, Hidalgo et Najdovski offriraient à ceux qui renoncent à leur véhicule, un an d'Autolib gratuit ou de «Pass Mobilités».
Afin d'améliorer la qualité de l'air dans la métro, Kosciusko-Morizet compte, elle, multiplier les capteurs dans les stations et afficher les résultats. «Les systèmes de ventilation seront améliorés et le parc roulant sera renouvelé en privilégiant le freinage électrique moins polluant», ajoute-t-elle.
LE VÉLO EN VEDETTE
Côté circulation douce, c'est également la surenchère. Hidalgo promet de doubler le kilométrage des pistes cyclables — avec une voies nord-sud, une reliant les deux bois ou une rocade. NKM veut aussi créer une «boucle cycliste de 43 km» autour de Paris avec des «passerelles vers le centre». Et toutes deux s'engagent sur la mise à disposition de Vélib électriques.
Najdovski propose, en plus, de multiplier par cinq l'investissement pour le vélo, soit 125 millions d'euros sur la mandature et de lancer une aide pour l'achat de vélos. Simonnet milite, elle, pour les Vélib gratuits. Et les candidats EE-LV, PG et UMP veulent créer des places de stationnement pour vélos proches des écoles, des stations de métro et de RER.